Le rugby est introduit en Afrique du Sud par les Britanniques. Les premiers joueurs de rugby sont des soldats de la Couronne britannique présents pour imposer la pax britannica aux Zoulous et surtout aux Boers. Un instituteur anglais Canon George Oglivie enseigne au Diocesan College du Cap et il introduit le football tel qu’il est enseigné au Collège de Winchester (Angleterre), c’est-à-dire le rugby-football. Un premier match oppose en 1862 des militaires à des civils du Cap, tous sujets de sa royale Majesté. Le match se conclut sur un 0-0.
Le rugby se développe au détriment du football. Rapidement, des clubs de quartier poussent dans les agglomérations, comme Johannesburg, Le Cap et Pretoria. Le premier club, le Hamilton Rugby and Football Club, naît au Cap en 1875.
Le rugby se structure assez vite avec la création du South African Rugby Board, la fédération de rugby à XV, en 1889.
Que ce soit en cohabitation avec les Britanniques ou plus tard avec une équipe d’Afrikaners exclusivement, le rugby est alors une affaire de… blancs.
En 1948, le Parti national remporte les élections et applique l’Apartheid dans tous les domaines. Le sport est un outil comme les autres pour montrer la supériorité des blancs sur les noirs. Et comment pourrait-il en être autrement puisque les blancs bénéficient des meilleures infrastructures et du meilleur encadrement possible quand les noirs et métis doivent se contenter de jouer sur des terrains vagues dans les townships ?
Qui plus est, le rugby est l’un des socles de l’identité afrikaner, il est donc instrumentalisé par le pouvoir pour exalter le nationalisme des blancs qui chérissent le maillot vert et or des Springboks.
Cette politique de ségrégation dépasse même les frontières de l’Afrique du Sud pour toucher les noirs des équipes adverses, priés de rester à la maison.
De 1971 à 1991, s’ouvre une période de boycott, l’Australie en tête, même si quelques rencontres internationales ont lieu, souvent accueillies par des vagues de protestation à l’étranger.
Les Afrikaners tiennent leur revanche en 1903 sur un terrain de sport où ils battent les Lions britanniques dans une série de matches amicaux.
En test-match, l’équipe d’Afrique du Sud est imbattable… jusqu’en 1956, que ce soit à l’extérieur ou à domicile. Une série interrompue seulement par une autre nation forte du rugby, la Nouvelle-Zélande.
En compétition officielle, l’Afrique du Sud s’illustre également lors d’une première tournée dans l’hémisphère Nord en 1906 : elle remporte 25 matches, en perd deux, et fait un match nul contre l’Angleterre.
C’est aussi lors de cette tournée que l’équipe de rugby sud-africaine se trouve un surnom : les Springboks, en référence à cette gazelle (« bouc sauteur » en afrikaans) qui effectue de grands bonds pour échapper à ses prédateurs …
L’Afrique du Sud a l’un des plus beaux palmarès du rugby à XV, avec trois victoires en Coupe du monde en 1995, 2007 et 2019.
Sport roi pour la communauté blanche et afrikaner, le rugby a été à la fois le symbole de la ségrégation au temps de l’Apartheid et de la réconciliation sous l’impulsion de Nelson Mandela.
Les Sud-Africains sont toujours surnommés les Springboks, ou Boks. Sauf que ce symbole – présent depuis 1906 – est peu à peu mis de côté. Vous l’avez sûrement remarqué, mais pour cette Coupe du monde, il a même été déplacé… sur la manche, au profit du logo de la Coupe du monde, présent sur la partie droite de la poitrine. Au niveau du coeur, c’est la fleur de protéa qui est mise en avant. Comme en 2015.
En cause ? Le Springbok a été l’emblème des équipes nationales pendant l’Apartheid, et il est donc considéré comme un symbole de cette politique de ségrégation raciale. En 1992, à la fin de l’Apartheid, la protea – la fleur nationale de la nation arc-en-ciel – est donc devenue l’autre symbole. D’abord placée à côté du Springbok, elle prend de plus en plus de place jusqu’en 2008, où les deux logos sont carrément séparés suite à une volonté du Congrès national africain